Guillaume Arnoult

Street Photography / Landscape / Documentary

{Social} Blocage de la Raffinerie de Donges

Le 24 mai au matin, une manifestation était prévue sur Nantes contre la Loi El Khomri. Avec ma consoeur Marion Vacca de l’agence Wostok-Press venue pour l’occasion du Pays Basque, nous avions prévu de couvrir le rassemblement mais faute d’organisation, seulement une petite cinquantaine de personnes étaient présentes Place du Bouffay, rapidement dispersées par un contrôle d’identité effectué par des gendarmes mobiles arrivés sur les lieux.

Au même moment, des rumeurs laissaient envisager une intervention policière imminente sur la Raffinerie et le dépôt de Donges, tout comme celui musclé quelques heures auparavant de la Raffinerie de Fos-sur-Mer. Nous avions également eu vent que des Zadistes de Notre Dame des Landes se rendaient sur les lieux afin de tenir les barrages avec les grévistes. Direction Donges.

A l’une des entrées se dressent trois barrages successifs, composés de parpaings, remorques, barrieres et palettes afin d’empêcher toute intervention des Forces de l’Ordre.

Dans l’après midi, l’information tombe : les huits raffineries françaises ont vôté la grêve en assemblée générale. Plus une goutte de carburant n’est produite en France. 

 A un autre point d’entrée, une barricade de pneus et palettes se dresse, n’attendant plus que d’être mise à feu en cas d’intervention policière. Des bonbonnes placées à l’avant ont pour fonction de dissuader les Forces de l’Ordre.

Plus aucun bateau n’est déchargé sur le port de Donges. Ce cargo Polonais repassera 1 heure plus tard dans le sens inverse aussi chargé qu’à l’aller.

La nuit tombe sur le port de Donges. Les grévistes se préparent à passer la nuit au pied des barricades avec la crainte d’une intervention au petit matin… (Le seul dépôt « débloqué » ce matin là sera celui de Douchy-les-Mines dans le Nord, dans le calme).

Les feux permettent aux quelques personnes se relayant pour garder la barricades la nuit de se réchauffer et de garder éloignés les moustiques en très grand nombre ici puisque des marécages bordent la route barrée menant au dépôt.

Les dockers ont apporté dans l’après midi cordages et pneus afin de renforcer matériellement les barricades et de soutenir en effectif les grévistes de la raffinerie, en grève depuis près de 16 jours.

Les amis, les familles viennent soutenir les grévistes mais aussi certains participants réguliers aux nuits debout de Rennes venus tenir les piquets aux côtés des salariés.

Aux alentours d’une heure du matin, nous sommes réveillés de notre sommeil tout relatif par des lumières, nous nous précipitons en dehors de la voiture : Des veilleurs lancent quelques feux d’artifices. Aucune intervention n’a lieu cette nuit là, nous reprenons la route à 7h du matin pour rentrer et nous préparer à couvrir la manifestation interdite sur Nantes. Nous reviendrons la nuit suivante, plusieurs informations de sources différentes et sûres nous indiquent que les CRS seront là le lendemain.

Nous arrivons à quatre heure du matin, le brouillard est bien présent, ce qui donne à l’environnement une ambiance reposante. Cependant le nombre décuplé de personnes présentes sur les barrages ainsi que le nombre de photographes arrivant ce matin là ne trompent pas : l’info a circulé et l’ambiance devrait changer…

Dernière prise de parole avant l’heure d’arrivée prévue de la police. Le mot d’ordre est clair : « pas de résistance » afin d’éviter de se retrouver comme dans le cas de la raffinerie de Fos-sur-Mer qui avait vu la police intervenir en utilisant canon à eau et grenades lacrymogènes, intervention musclée qui avait fait des blessés de part et autre.

La fatigue accumulée depuis quelques jours est importante. Les traits sont tirés, les yeux rougis mais cela n’a pas empêché des dizaines de personnes de répondre présent aux appels de soutient des grévistes.

Si aucune résistance n’est prévue, il n’est pas question pour autant pour les présents de faciliter la tache à la police. Peu avant l’heure fatidique, les barricades grossissent et les feux sont ravivés.

L’intervention tarde. Cependant, l’information est confirmée que de nombreux CRS ont quitté Nantes et Saint-Nazaire. De plus, d’après les appels téléphoniques des proches, la ville serait totalement bouclée par des barrages de police afin d’éviter que des renforts ne puissent se rendre auprès des grévistes. L’humeur et l’ambiance sont bonnes cependant, et ce n’est pas les quelques échanges un brin animés avec l’équipe de BFM TV présente sur place, qui viendront noircir le tableau.

9h30 du matin. Dix camions de CRS arrivent par l’accès sud et s’arrêtent à quelques dizaines de mètres des premières barricades en feu. Blagues et trais d’humour fusent même si la tension est un peu plus palpable. Puis soudainement, une trentaine d’homme en armure se pressent au nord, sur le talus où passe une ligne ferroviaire. Le temps que les grévistes se dirigent vers ce point arborant des drapeaux blancs, l’accès nord est totalement bouclé par les CRS.

Durant une dizaine de minute, le temps que des négociations arrivent à leur terme entre responsables de la CGT et officiers de police, les grévistes se font entendre aux sons de « Valls démission » et « Non à la loi travail ». Certains en profitent pour faire des selfies avec les CRS en fond.

Les échanges avec les CRS sont en sens unique. Aucune réponse de leur part. Les plus "agés" de la compagnie s'autorisent eux à quelques sourires, l'expérience leur ayant montré que lorsque l'ambiance est bon enfant, ils n'ont pas trop à craindre, d'autant plus quand la consigne est donnée par les délégués syndicaux de ne pas résister.

Les échanges avec les CRS sont en sens unique. Aucune réponse de leur part. Les plus « agés » de la compagnie s’autorisent eux à quelques sourires, l’expérience leur ayant montré que lorsque l’ambiance est bon enfant, ils n’ont pas trop à craindre, d’autant plus quand la consigne est donnée par les délégués syndicaux de ne pas résister.

Les CRS recevront finalement l'ordre de leurs officiers de reculer le temps que les délégués fassent un dernier point avec les grévistes les appelant à se rendre sur le parking de la raffinerie TOTAL pour une assemblée générale. Le départ se fera dans le calme. Sur le trajet, les grévistes compteront les camions de CRS garrés du côté nord : Dix-sept, soit un nombre total s'élevant à vingt-sept camions. Un gréviste dit à un de ses camarades "Nous n'aurions de toute manière pas fait le poids". Sur le chemin, un gréviste m'explique que bien que le dépôt soit à nouveau ouvert aux camions citerne, ceux là seront difficilement remplis puisqu'un seul intérimaire est présent sur place. Le "déblocage des dépots" ne sera finalement qu'un effet de communication de la part du gouvernement.

Les CRS recevront finalement l’ordre de leurs officiers de reculer le temps que les délégués fassent un dernier point avec les grévistes les appelant à se rendre sur le parking de la raffinerie TOTAL pour une assemblée générale. Le départ se fera dans le calme. Sur le trajet, les grévistes compteront les camions de CRS garrés du côté nord : Dix-sept, soit un nombre total s’élevant à vingt-sept camions. Un gréviste dit à un de ses camarades « Nous n’aurions de toute manière pas fait le poids ». Sur le chemin, un gréviste m’explique que bien que le dépôt soit à nouveau ouvert aux camions citerne, ceux là seront difficilement remplis puisqu’un seul intérimaire est présent sur place. Le « déblocage des dépots » ne sera finalement qu’un effet de communication de la part du gouvernement.

Pendant que les pompiers s’affairent pour éteindre les barricades, l’Assemblée générale re-votera la grève illimitée à 98%.

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